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Vivre dans un bâtiment bois sans le savoir Maison

Vivre dans un bâtiment bois sans le savoir

Mis à jour le 2 août 2024 à 18:16:42

Peu importe le type de construction, on retrouve toujours du bois dans l'habitat. Un matériau performant avec de belles perspectives d'avenir.

Le bois est un matériau de construction performant, ce qui lui offre un potentiel de développement dans les années à venir. Pour autant, si de nombreux bâtiments sont déjà conçus en bois, sa présence n’est pas toujours évidente pour les usagers. Découvrez comment le bois peut rester discret, tout en faisant bénéficier les habitants de ses multiples atouts.

Où se trouve le bois dans le bâtiment ?

Le bois occupe une place importante dans l’inconscient collectif des Français. Une étude menée en 2018 pour l’association Adivbois visait à définir le « Vivre bois ». Il en est notamment ressorti une image très positive du matériau, sur le plan écologique, santé et bien-être. Il bénéficie aussi d’une dynamique positive, accélérée par la réglementation environnementale RE2020, qui encourage les matériaux qui limitent l’impact carbone du bâtiment. Par son caractère renouvelable, sa capacité à stocker durablement du carbone et sa présence massive à proximité, le bois répond pleinement à cet objectif.

Toutefois, le bois dans le bâtiment revêt bien des formes et peut remplir des fonctions complémentaires. On le retrouve par exemple aux postes suivants :

  • Structure : Afin d’assurer la stabilité d’un bâtiment, le bois sous forme de poteaux, de poutres, de panneaux, etc., peut constituer la structure même d’une construction. Il maintient donc le bâtiment debout et les éléments structurels sont calculés pour supporter les charges mécaniques, y compris en cas d’aléa climatique (tempête, séisme, etc.). Différents systèmes constructifs existent, comme le mur ossature bois, les panneaux de bois massif (CLT), les poteaux-poutres, etc. ;
  • Revêtement : Si la structure constitue le squelette d’un bâtiment, le revêtement serait comme une peau. Placé à l’extérieur, il assure donc une protection du bâti, avec aussi une fonction esthétique. Il peut prendre la forme de lames de bardage, de tavaillons, etc. ;
  • Isolation naturelle, qui permet d’obtenir de bonnes performances thermiques (tant en hiver qu’en été), ou encore acoustiques. On peut la qualifier de biosourcée, dès lors qu’elle emploie des produits comme la ouate de cellulose ou la laine de bois ;
  • Menuiseries extérieures et intérieures : Pour les ouvertures dans le bâtiment (fenêtres, portes, etc.), le bois est aussi tout indiqué et affiche des performances qui peuvent même être conformes à des standards passifs ;
  • Aménagement extérieur : Le bois est aussi adapté pour profiter des espaces extérieurs, que ce soit par la réalisation d’une terrasse en bois ou encore des abords d’une piscine. Dans un contexte urbanistique, il peut aussi permettre la conception de passerelles ;
  • Aménagement intérieur : Dans un bâtiment, cet aménagement permet aussi bien l’habillage des murs (ex. : lambris) ou encore des sols (ex. : parquet massif, contrecollé, etc.) ;
  • Mobilier : Pour parachever l’aménagement intérieur, la présence de mobilier à base de bois donne à voir un ensemble cohérent. Sous forme de meubles d’ébéniste ou encore de mobilier industriel à base de panneaux de bois, le bois offre une diversité qui permet au maître d’ouvrage de satisfaire ses goûts esthétiques.

Au vu de cette diversité de produits et d’usages possibles, il est important de savoir de quels bâtiments on parle, dès lors qu’on les qualifie de bâtiments bois.

Qu’appelle-t-on un bâtiment bois ?

Tous les bâtiments peuvent donc contenir des pièces habillées de bois, dont le confort et l’aspect esthétique sont souvent appréciés. Aussi, un immeuble construit en briques ou en béton peut arborer un bardage bois, qui donnera un cachet esthétique certain, tout en occultant les matériaux servant à la structure même du bâtiment.

Car, comme précédemment expliqué, il y a donc des fonctions très différentes entre les usages, rendus possibles et complémentaires grâce à la multitude de produits disponibles à base de bois.

Toutefois, on considère qu’un bâtiment bois est avant tout un bâtiment à structure bois. Dès lors, différents types de revêtement ou d’isolants peuvent s’associer. En effet, la structure bois apporte de nombreux atouts, parmi lesquels on peut citer sa légèreté, sa résistance sismique, son caractère hygroscopique qui va réguler naturellement l’humidité de l’air ambiant ou encore sa rapidité de construction…

Le mur à ossature bois est le système constructif le plus utilisé. Un panneau de contreventement en bois est fixé sur des montants qui renferment l’isolant qui peut lui-même être biosourcé. De part et d’autre de ce mur, les couches les plus externes vont être des revêtements. C’est là que de nombreux matériaux peuvent se greffer, masquant ainsi l’ossature en bois qui assure cependant la stabilité du bâtiment.

Schéma de principe d’une ossature bois – Source : Catalogue Bois Construction

De multiples configurations selon la volonté du maître d’ouvrage

Quand il a le projet d’une construction neuve ou d’une rénovation, le maître d’ouvrage va exprimer ses besoins et sa volonté, afin qu’ils soient traduits lors de la conception par l’équipe de maîtrise d’œuvre. Par sa configuration multiple, le système d’ossature bois offre donc une liberté totale sur le rendu d’un bâtiment, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, pour offrir une réelle palette de rendus visuels.

Le bois, comme tous les matériaux, doit aussi être utilisé à bon escient, en respectant le principe du bon matériau au bon endroit. Ainsi, s’il est possible de l’utiliser aussi à l’intérieur de pièces d’eau, l’humidité ambiante requiert d’anticiper la nature du bois et la conception des revêtements, afin d’en assurer la durabilité. D’autres revêtements peuvent donc avoir la préférence des usagers.

On peut résumer l’absence de bois visible à l’intérieur en l’expliquant de deux manières :

  • Un choix volontaire où les murs masquent la présence du bois en structure. Si des solutions de type lambris existent, il n’est pas rare de trouver plutôt des murs blancs, des papiers peints, etc., pour habiller les cloisons intérieures.
  • Un choix réglementaire, par exemple dans les bâtiments multiétages, où la présence de bois visible peut aller à l’encontre de la réglementation incendie ou du confort acoustique. Si le bois possède un bon comportement au feu, le caractère combustible du matériau se doit d’être protégé du feu, par des revêtements incombustibles comme des plaques de plâtre.

Sur ce dernier point, on peut citer l’exemple de la tour Sensations, bâtiment R+11 situé à Strasbourg. Si l’ensemble de la structure est composée de panneaux de bois massif CLT (y compris les cages d’ascenseurs et d’escaliers), le bois n’est plus visible à l’issue du chantier, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des logements.

En intérieur, l’ensemble des revêtements et des aménagements sont aussi des choix tout à fait subjectifs de l’habitant ou du propriétaire. Pour ces travaux de second œuvre, on touche donc plutôt à des choix esthétiques ou pratiques. À l’inverse, le choix de la structure (gros œuvre) relève plutôt du champ technique, dont la fonction que l’on attend d’elle est de maintenir durablement le bâtiment debout. Cette ossature n’étant plus visible après la livraison, l’usager s’intéresse plutôt à l’ambiance qu’il souhaite avoir dans son intérieur. S’il n’est pas sensible à l’aspect bois, cela se ressentira dans les choix à l’intérieur, peu importe le matériau utilisé en structure.

D’un point de vue extérieur, il est tout à fait possible de construire une maison en bois et de prévoir qu’elle soit revêtue d’un enduit ou d’un crépi, au même titre qu’une construction en brique ou en béton par exemple. Avec un tel choix, le bois n’est pas visible de l’extérieur. Cela répond à la crainte parfois exprimée de « ne pas vouloir vivre dans un chalet ». L’image de la construction bois peut rester ancrée à ces clichés traditionnels, alors qu’elle s’inscrit pleinement dans la modernité et dans l’intégration paysagère, respectant aussi le patrimoine bâti des alentours.

Résidence Jules Ferry – Saint-Dié des Vosges (88) – Sources : Le Toit Vosgien ; ASP Architecture

Le choix d’un autre revêtement extérieur que le bois peut s’expliquer par une réticence du maître d’ouvrage vis-à-vis du bardage bois, parfois décrié à tort pour l’entretien qu’il nécessiterait. Rappelons que le bardage bois va certes griser naturellement avec le temps dès lors qu’il n’est pas protégé (finition, protection physique), mais que ce grisaillement ne remet pas en question la durabilité du matériau ni son caractère fonctionnel. L’acceptation de l’évolution de la couleur résout donc la question de l’entretien, d’autant plus que, contrairement aux idées reçues, un enduit minéral va lui aussi se dégrader avec le temps et nécessiter un entretien.

Il est enfin intéressant de voir que certains matériaux ont été créés pour intégrer du bois, tout en en maîtrisant la sensibilité à l’humidité et aux U.V. C’est le cas des panneaux composites qui contiennent des fibres de bois, mêlées à une matrice plastique (bois-polymère) ou cimentaire (bois-ciment). Ces panneaux peuvent avoir un aspect lisse, durable, sans laisser penser qu’ils intègrent aussi du bois. Toutefois, certains vont jusqu’à imiter un aspect bois malgré tout.

L’omniprésence du bois autour de nous

Si on ne soupçonne pas toujours d’être dans un bâtiment bois, notons toutefois que sa présence est sûrement bien plus importante qu’on ne peut l’imaginer.

À titre d’exemple, citons que de nombreux immeubles de Paris, notamment dans les bâtiments haussmanniens, s’appuient sur des structures bois. Dans une étude relatée au Forum Bois Construction 2021, il est cité que « sur les 100 000 immeubles parisiens, on peut se risquer à dire que 1/10 e comporte au moins une façade en pan de bois, et 1/3 des planchers en solivage bois ». Il existe donc tout un patrimoine en bois, invisible de l’extérieur.

Il existe aussi des extensions/surélévations bois qui se greffent à des bâtiments existants (peu importe leur matériau structurel). Pour s’inscrire dans une unité avec le bâti existant, il est fréquent que le revêtement masque là aussi la présence du bois. Or, ces extensions représentent un marché grandissant, d’après l’enquête nationale de la construction bois 2023.

L’utilisation du bois dépasse le cadre domestique. Si le bois s’intègre bien dans les logements, qu’ils soient individuels ou collectifs, il a aussi pleinement sa place dans d’autres typologies de bâtiments.

  • Les bâtiments sportifs ou les halles d’expositions remplissent souvent pleinement leur usage, sans qu’on ait conscience de la charpente en lamellé-collé qui les fait tenir ;
  • Certaines entreprises construisent des immeubles de bureaux en bois, afin de faire profiter les salariés d’un certain confort et bien-être, pour optimiser leur efficacité au travail ;
  • Le recours aux matériaux naturels tels que le bois dans les établissements scolaires peut améliorer la concentration, la productivité et les performances cognitives. Les élèves de salles de classe en bois peuvent ainsi bénéficier d’un cadre propice à l’apprentissage, dès le plus jeune âge ;
  • Les bâtiments commerciaux ont aussi compris les intérêts du matériau ;
  • Etc.

Pour finir, rappelons que les fondations de grands édifices religieux, comme des cathédrales, s’appuient sur des pieux en bois invisibles. C’est le cas de la cathédrale de Strasbourg, qui a fêté en 2015 le millénaire de la pose des pieux en chêne. Une belle preuve d’une présence certes discrète du matériau, mais ô combien efficace et durable.

Visible ou non, le bois offre des potentialités importantes dans le bâtiment ! La preuve en parcourant ici toutes ses caractéristiques…

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