retour expérience plancher très grandes largeurs

Je me permets de mettre sur ce forum un petit post sur le plancher que j'ai posé récemment:
un plancher risqué! Dans une extension en rez de jardin, sur une dalle en béton, j'ai posé sur lambourdes des planches brutes, en chêne, d'une largeur variable d'une lame à l'autre, de 20 à... 62 cm.
Ce comportement est évidemment complètement irresponsable, mais le résultat est agréable. Pour l'instant en tout cas. Ces grandes et larges planches ont un caractère, un charme presque émouvant.
Pour ceux que ça intéresse, ci dessous un descriptif de la préparation et mise en oeuvre;
J'ai quand même pris un certain nombre de précautions car les planches sont pleine largeur, ce qui expose à d'autant plus de déformations, de fissures etc., et comme plusieurs lames font plus de 50 cm de large, les rétractations ou dilatations peuvent apparaître très significativement.
Donc :
- la dalle de 12 cm sur hérisson + isolant polystyrène a été coulée en juillet. Elle a séché 4 mois avant d'être couverte (murs en monomur + enduits chaux, toit en bois + laine de bois + aggloméré + film d'étanchéité + tuiles). Elle a ensuite continué à sécher 4 mois de plus.
- Le bois: c'est du chêne de touraine, une jumelle d'environ 150 ans, qu'on a abattu en hiver 2006-2007, puis fait scier à 30 mm d'épaisseur en scierie et stocké sur chantier bien plan et horizontal, à l'abri de tôles mais en plein air. Durant ces 4 ans de séchage le bois c'est assez peu déformé et fendu. En aout 2010 j'ai déligné les planches pour en enlever l'aubier, rien de plus. Chaque planche est donc légèrement trapézoïdale, plus large à la base que vers le sommet (comme l'arbre), afin d'économiser le bois que j'avais en quantité extrêmement limite pour ma pièce. Comme je suis un gros flemmard, j'ai chanfreiné les arrêtes mais pas fait de feuillure.
Je l'ai ensuite stocké dans une pièce de maison, donc à l'abri de l'humidité nocturne, chaufée l'hiver etc... de aout à février 2011, afin d'atteindre une humidité du bois entre 10 et 13%.
- la pose: j'ai étendu un film polyéthylène sur la dalle qui mesure 5m x 8,50m. J'ai ensuite disposé les lambourdes en chêne (taillé et stocké comme les planches) de 50 x 40 mm tous les 50 cm, solidarisées au sol par quelques chevilles à frapper. (Boisphile nous a bien fait comprendre que c'étaient autant de portes pour des remontées humides, mais j'ai postulé que la dalle était à peu près sèche et que ces "portes" si petites et peu nombreuses étaient peu significatives). Entre les lambourdes nous avons répandu du liège en vrac pour l'isolation. Sur chaque lambourde nous avons collé une sorte de feutre en chanvre.
Puis les planches ont été visées l'une à côté de l'autre, et chaque tête de vis masquée par une fausse cheville en bois collée dans le pré-trou. Les lames sont disposées perpendiculairement à la longueur de la pièce et à la lumière, c à d à l'opposé de ce qui est recommandé mais elles faisaient 5 de long, bien pour la largeur du salon.
Enfin il a fallu poncer copieusement avec une grosse ponceuse puis une ponceuse à main pour avoir les creux. La finition a été faite avec deux couches d'une huile dure.
Et c'est maintenant que je me rends compte qu'on ne peut pas mettre de photo sur le forum...
Après 1 mois d mise en oeuvre, rien a encore bougé et je suis très heureux du résultat. J'espère que dans 2 ans ce sera encore le cas... Les petits défauts de planéité persistant après ponçage sont minimes et plus agréables sous les pieds nus qu'autre chose.
Pour la stabilité à long terme, nous tentons d'avoir des conditions d'hygrométrie aussi stables que possible: murs en briques et chaux, respirant, absorbant et avec inertie. Chauffage avec un poêle de masse en stéatite, plus irradiant et donc confort l'hiver avec des températures d'air assez basses (peut être moins asséchant l'air que les systèmes avec forte convection), isolation entre la dalle et la face inférieure des planches pour homogénéiser température et humidité sur les deux faces du bois... On verra bien!